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Un placement intermédiaire vers l’autonomie pour les anciennes victimes de traite

L’Agence de Gestion et de Recouvrement des Avoirs Saisis et Confisqués (AGRASC) est une structure publique dont le rôle est de récupérer les biens confisqués par décision de justice. Elle est sous la tutelle du Ministère de la Justice et celui des Comptes Publics. 

Récemment, la justice a saisi et confisqué un appartement qui appartenait à une famille jugée pour traite et exploitation sexuelle. 

De ce fait, l’AGRASC a décidé de mettre cet appartement à disposition d’une organisation engagée dans la protection des victimes de traite.

C’est ainsi que l’association AFJ a été sélectionnée pour bénéficier gratuitement de cette nouvelle solution d’hébergement destinée aux personnes qu’elle accompagne. Les charges, le mobilier et les équipements restent toutefois à la charge de l’association. C’est un appartement classique, possédant 3 chambres, et localisé en Seine Saint-Denis. 

Cette décision est une première et mériterait d’être reconduite, bien que ce type d’opportunité reste rare.

Une transition progressive vers l’autonomie

Aujourd’hui, AFJ possède une maison principale dans laquelle sont hébergées 10 femmes. C’est un foyer de vie, encadré par une équipe pluridisciplinaire qui assure une présence sur place 24h / 24 et 7 jours / 7.

Parmi les personnes accueillies, certaines nécessitent un accompagnement approfondi dans la perspective de soigner les traumatismes de l’exploitation, se reconstruire, se stabiliser et ensuite envisager un projet de réinsertion. 

Pour celles-ci, le placement en foyer est la solution idéale.

Pour d’autres, dont la situation sociale et l’équilibre psychologique sont stabilisés, un placement dans un appartement satellite, à distance du foyer, permet de faire un pas de plus vers l’autonomie. En effet, ces femmes ont un titre de séjour, sont déjà engagées dans un processus d’insertion et possèdent un emploi. 

Elles ont alors besoin d’une étape de transition progressive vers leur pleine émancipation. C’est le rôle que va jouer cet appartement dans l’accompagnement d’AFJ. 

Dans les faits, à la place d’une présence permanente des membres d’AFJ au foyer, ces femmes vivront leur quotidien en autonomie, tout en recevant des visites régulières d’une éducatrice pour s’assurer de leur bien-être, de la bonne acquisition de leur indépendance, et leur apporter de l’aide si nécessaire. Les femmes conservent bien sûr la ligne directe du foyer, accessible 24h/24 et 7 jours / 7 en cas de nécessité. 

En parallèle, ce système libère 3 places au sein du foyer. Il offre ainsi des solutions d’accueil et de mise à l’abri pour des femmes en danger ou en situation d’urgence.

Ce type de solution est à développer. L’accueil en foyer reste primordial pour mettre à l’abri et accompagner les femmes en sortie d’exploitation. En parallèle, il est nécessaire de développer des solutions d’hébergement satellites, permettant aux femmes, dont la situation est stabilisée, d’expérimenter leur autonomie et de s’émanciper en dehors du foyer. 

C’est une phase de transition essentielle en vue de l’insertion et de l’épanouissement de ces femmes.

L'association AFJ

C’est une association comprenant un foyer de mise à l’abri de 14 places et un appartement de 3 places à destination des femmes victimes de traite à des fins d’exploitation sexuelle.

Elle propose un accompagnement global des victimes : mise à disposition d’un hébergement, suivi administratif (ouverture des droits et régularisation administrative), suivi psychologique, actions éducatives d’insertion (apprentissage du français, accompagnement d’insertion professionnelle). Des activités sont proposées aux femmes au sein du foyer.

L’Accompagnement est effectué par une équipe de professionnels et des bénévoles. 


Article écrit en collaboration avec Philippe Dumont, président d'AFJ