
Olivia Richard, sénatrice des Français de l’étranger, a rejoint la Délégation aux droits des femmes en septembre 2023. Elle a été nommée co-rapporteure d’une mission d’information sur les femmes à la rue, qui a donné lieu à de très nombreuses auditions et déplacements sur le terrain. Un des aspects alarmants auxquels elle a été confrontée avec les membres de cette mission est la traite des êtres humains sous toutes ses formes.
Elle a rencontré l’OCRVP (Office central pour la répression des violences aux personnes), a été mise en contact avec la MIPROF (Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains), a fait des visites et maraudes d’associations engagées auprès des victimes. Et elle a organisé un colloque sur "France, Amérique latine et Caraïbes : la traite des êtres humains, de
la lutte contre les réseaux à l’accompagnement des victimes" le 7 mars 2025, au Palais du Luxembourg. Interview d'Olivia Richard :
Les Français de l’étranger sont des étrangers là où ils vivent, quand ils ne sont pas binationaux. En cohérence, nous ne devons traiter les ressortissants des pays étrangers aussi bien que nous souhaitons que l’on traite nos ressortissants à l’étranger.
Pourquoi avez vous organisé un colloque au Sénat sur les femmes d'Amérique Latine victimes de traite ?
Lorsque l’ambassadrice du Paraguay en France m’a fait part des difficultés qu’elle rencontrait pour répondre aux familles des victimes de traite, j’ai saisi cette occasion de braquer les projecteurs sur cet esclavage moderne, qui se pratique sous notre nez.
Quel était l’objectif de ce colloque ?
Nous avions plusieurs objectifs en organisant ce colloque le Sénat. Le plus important était de réunir autour de la table les acteurs directement concernés par le sujet, représentations étrangères en France, service de l’État et associations, pour les mettre en relation, faciliter leur travail et améliorer la cohérence de l’accompagnement des victimes. Nous souhaitions également que cet évènement soit l’occasion de nouer des partenariats de coopération bilatérale.
Nous souhaitions également en faire un sujet politique et je suis fière qu’Aurore Bergé, Ministre française déléguée chargée de l'Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations, ait accepté d’ouvrir cette matinée d’échange. Très engagée sur ce sujet, elle porte une stratégie nationale de lutte contre le système prostitutionnel et l’exploitation sexuelle et sa présence était autant une chance pour nous qu’une preuve de l’engagement de la France sur le sujet. J’ai été également particulièrement touchée de l’intervention de Dominique Vérien, présidente de la Délégation aux Droits des Femmes du Sénat.
Son engagement contre les violences inspire le mien et le sujet « traite des êtres humains » me semble devoir être remis dans le scope de nos travaux au Sénat.
Quelles suites seront données à ce colloque en matière de prévention et lutte contre l'exploitation et la traite des êtres humains ?
Les contacts ont été pris et, deux mois après le colloque, des conventions sont déjà en cours de discussion avec certaines ambassades présentes au colloque. La coopération de tous les acteurs, de la lutte contre les réseaux jusqu’à l’accompagnement des victimes, sera facilitée par la matinée que nous avons partagée au Sénat.
La richesse des échanges a permis à chacun de mieux comprendre les besoins et les actions des autres acteurs. Ce fut tout particulièrement le cas ceux qui ne se rencontrent pas habituellement.
Si les associations et les pouvoirs publics ont l’habitude de collaborer, c’est moins vrai pour les ambassades et, a fortiori, pour les ambassades d’Amérique latine pour lesquelles le phénomène de la traite en France n’a pris que très récemment l’ampleur qu’on lui connait.
Ainsi, cet évènement a permis de clarifier les actions menées par chacun et d’améliorer d’autant la coopération entre tous.
Enfin, nous pouvons espérer que le parcours des victimes sera plus simple dans les prochaines années. Si les acteurs se connaissent et travaillent mieux ensemble, ils pourront demain avoir une vision globale du parcours des victimes, à commencer par leur identification, la première difficulté étant l’état civil des victimes.
Cette vision globale permettra une cohérence dans l’accompagnement, et un suivi complet : c’était déjà ponctuellement le cas, parce que les acteurs de terrain font preuve d’un engagement admirable, mais ce colloque permettra, je l’espère, de généraliser et de systématiser ces bons réflexes.
Découvrir le programme du Colloque
8h30 : Accueil des invités
9h00 : Ouverture par Aurore BERGÉ, ministre déléguée chargée de l’Égalité entre les
femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations
9h15 : Introduction par Dominique VÉRIEN, Présidente de la Délégation aux Droits des
Femmes du Sénat et sénatrice de l’Yonne.
9h30 : Mot d’accueil par Eléonore CAROIT, députée de la 2e circonscription des Français
établis hors de France
9h35 : Introduction par SE Cynthia FILARTIGA LACROIX, ambassadrice du Paraguay en
France et Présidente du Réseau des femmes diplomates d’Amérique latine
9h40 : Présentation des défis de l’Amérique latine par SE Blanca JIMÉNEZ CISNEROS,
ambassadrice du Mexique en France
9h45 : Table-Ronde 1 – Etat des lieux de la traite d’êtres humains en provenance
d’Amérique latine et des Caraïbes (législation en vigueur, situation actuelle et évolutions
récentes)
Modération : Maître Kathleen TAIEB, avocate au Barreau de Paris spécialisée dans la traite
d’êtres humains et le proxénétisme
- La Directrice générale des droits humains et de la démocratie du ministère des
Affaires étrangères du Mexique, Jennifer FELLER
- La Direction Générale des Affaires Consulaires du ministère des Affaires
étrangères de Bolivie, représentée par Patricia ADDA BEJARANO MORON
- Le directeur de la division de la sécurité internationale et humaine du ministère
chilien des affaires étrangères, Hugo LLANOS MANDONES
- La directrice générale de la prévention et de la lutte contre la traite des personnes
au ministère de la femme du Paraguay, Luz GAMELIA IBARRA MAIDANA
- La direction des migrations, des affaires consulaires et des services aux citoyens
du ministère des affaires étrangères de Colombie, représentée par Geraldine
MEYER OLIVELLA
- L'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), représentée par
Chloé TAILLARD YEVENES
- La Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les
violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF), représentée
par Cécile MANTEL (SGA)
- L’Office central pour la répression de la traite des êtres humains (OCRTEH),
représenté par Lénaïg LE BAIL (Commissaire divisionnaire)
10h35 : Echanges avec le public
10h45 : Table-Ronde 2 – Constat des associations sur le terrain et dispositifs mis en
œuvre pour lutter contre la traite des êtres humains. Quel parcours institutionnel face
aux cas de traite des êtres humains ?
Modération : Maître Kathleen TAIEB, avocate au Barreau de Paris spécialisée sur la traite d’êtres
humains et le proxénétisme
- Le Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains », coordonné par le
Secours Catholique Caritas France et représenté par Geneviève COLAS, membre de la
Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH) rapporteure
indépendante sur la traite des êtres humains en France
- Aux captifs, la libération, représentée par François BREGOU
(Responsable des partenariats)
- L’Amicale du Nid, représentée par Delphine JARRAUD (Déléguée générale)
- L’AFJ, représentée par Yolanda GUTIERREZ (Directrice)
- Association ALC (dispositif Ac.Sé, Accueil sécurisé), représentée par Christophe
PERUGINI (chef de service du pôle prévention, hébergement, insertion)
- L'Organisation Internationale pour les Migrations, représentée par Chloé
TAILLARD YEVENES
11h45 : Echanges avec le public
11h55 : Mot de clôture par Olivia RICHARD, sénatrice des Français établis hors de France.