La traite des êtres humains, phénomène criminel mondial, est un sujet complexe à saisir statistiquement. L’emprise des réseaux criminels, la situation administrative souvent irrégulière des victimes et leur particulière vulnérabilité limitent leurs possibilités de se tourner vers les autorités judiciaires. Les administrations disposent ainsi de données partielles.
C’est pourquoi les associations, qui sont, dans une large majorité des cas, les premières interlocutrices des victimes, constituent des sources d’informations précieuses permettant de mieux appréhender ce phénomène criminel et d’en illustrer les caractéristiques spécifiques.
Entre 2016 et 2020 la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) et l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP), en partenariat avec les associations, notamment celles membres du Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains », ont mis en place une enquête annuelle collectant les données sur les victimes de traite accompagnées par les associations en France.
Sur un champ de 2 573 victimes de traite des êtres humains accompagnées par 37 associations, cette enquête a notamment permis de révéler que seules 28 % des victimes avaient déposé plainte (Sourd & Vacher, 2020), ainsi la majorité des victimes de traite sont invisibles des autorités.
Cette enquête est régulièrement saluée par les instances européennes et internationales comme une bonne pratique initiée par la France.
La réalisation de cette enquête est prévue par le second plan d’action national contre la traite des êtres humains. Les résultats ont été présentés lors de conférences en France et à l'international (par exemple, lors de la conférence internationale sur la traite des enfants organisée par Caritas au Kosovo).
Fin 2020, l’ONDRP a fermé et ses missions ont été transférées vers le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) qui a ainsi été saisi pour poursuivre cette enquête en 2021, au côté de la MIPROF. Les données sont recueillies grâce à la diffusion d’un questionnaire en ligne auprès d’associations susceptibles d’accueillir des victimes de traite des êtres humains.
Dans la continuité du travail engagé depuis cinq ans visant à améliorer la connaissance sur la traite des êtres humains en France, le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) et la Mission interministérielle pour la protection des femmes contre les violences et la lutte contre la traite des êtres humains (MIPROF) en collaboration avec les associations membres du Collectif « Ensemble contre la traite des êtres humains » lancent aujourd'hui la collecte de données pour la cinquième édition de l’enquête « Les victimes de traite des êtres humains suivies par les associations en France ».
Le questionnaire de l'enquête a été révisé afin de mieux identifier les victimes exploitées dans le cadre d'un mariage forcé ainsi que les mineurs non accompagnés. Cette édition sera également l'occasion de revenir sur l'impact de la crise sanitaire de 2020 sur ce phénomène criminel et l'accompagnement des associations.
Le questionnaire de l’enquête sur les victimes de traite des êtres humains suivies par les associations en 2020 est disponible en ligne, via le lien suivant : https://ssmsi.questionnaire.
Lors de votre première connexion, il est possible qu'une page de sécurité s'affiche, une fois acceptée, vous pourrez accéder à l'enquête normalement. Si des difficultés d’accès persistaient, vous pourrez avoir accès à un fichier Excel à compléter.
La collecte durera jusqu’au 31 juillet 2021 (et un peu au delà pour ceux et celles qui ne la découvrent que maintenant, prendre contact avec miprof ou ssmi dans ce cas) et la publication des résultats est prévue pour octobre 2021.
Si répondre au questionnaire représente un investissement important, chaque année la restitution de cette enquête est essentielle, non seulement pour mieux mesurer le phénomène de la traite des êtres humains en France mais également, pour mobiliser la société sur ce sujet.
Vous pouvez contacter la MIPROF et le SSMSI pour tout renseignement :
> MIPROF : miprof@miprof.gouv.fr Leïla Benaddou / leila.benaddou@miprof.gouv.
> SSMSI/Besco : ssmsi-besco@interieur.gouv.fr (Amandine Sourd / amandine.sourd@interieur.
Article rédigé avec Amandine SOURD